Paper Short Abstract:

L’étude anthropologique des communications avec le monde invisible nécessite de se doter de théories spécifiques de la communication. Nous proposons de tester quelques unes de ces théories pour voir en quoi elles permettent de renouveler les approches anthropologiques classiques.

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L’étude anthropologique des communications avec le monde invisible nécessite de se doter de théories spécifiques de la communication. Si les anthropologues ont décrit patiemment les formes de communication avec le monde invisible qui existent dans différentes sociétés, peu ont adapté les théories de la communication à ce domaine d’études. Nous proposons de tester quelques unes de ces théories pour voir en quoi elles permettent de renouveler les approches anthropologiques classiques. Nous verrons comment l’interactionnisme symbolique, les théories de la médiation, la proxémie, la kinésique, la sémiotique, la pragmatique du langage, ou encore les théories de l’action située et de la cognition incarnée peuvent avoir un intérêt dans l’étude de certaines pratiques rituelles. Pour illustrer notre propos, nous prendrons des exemples dans le monde catholique (France, Italie), montrant en quoi le culte des saints locaux se nourrit d’hétérocritures combinant récits mythiques, paroles prononcées et gestes partagés, permettant à la communauté de communiquer avec des entités qui représentent l’au-delà.

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Les récits mythiques traditionnels témoignent de transgressions de l'invisible vers le visible et inversement. Ils parlent d'apparitions d'esprits, de messages transmis en rêve par des défunts dans des dimensions plus sensibles que langagières. Que disent-ils ?

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Dans une approche mésologique, le monde de l'homme devrait être constitué de deux milieux, l'un visible, l'autre invisible. C'est ce que nous disent, avec des expressions propres à leur civilisation respective, toutes les cultures traditionnelles du monde. En Corse, on parle de l'autre monde (l'altru mondu), où se trouvent les âmes des défunts, dans l'attente d'une renaissance. Contrairement aux croyances chrétiennes où une fois mort, les individus attendent le jugement dernier pour potentiellement accéder à la vie éternelle, les esprits des défunts reviennent chez eux en des périodes cosmiques cardinales. Mais ils peuvent apparaître en des circonstances spatiales et temporelles particulières tout comme en rêve, pour partager un repas de chair humaine ou entrainer le rêveur dans une procession allant sous les fenêtres d'une personne dont les heures sont comptées.

Les chasses nocturnes oniriques en meutes (mupa) ou en solo des mazzeri (passeurs d'âmes) et l'identité de leurs proies sont perçues par des modalités sensibles liées à l'intuition (hétérocriture de l'évidence tenant de la connaissance immédiate - fulgurance). La mupa peut être perçue dans une situation où la mort n'est pas loin par un parfum de lys, semblable à celui des églises fleuries pour un enterrement. Les morts et les êtres intermédiaires (sorcières, êtres hybrides) se manifestent également par des sons ou des odeurs. Toutes ces manifestations sensibles sont l'objets de récits d'apparition.

Les contes merveilleux disent la même chose, dissimulant l'esprit des morts dans des enveloppes animales durant les épreuves encourues par le héros en devenir.

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La présentation examine la communication entre vivants et morts en comparant les résultats des travaux du terrain et sources anciennes, étudiant les réponses des médiateurs à travers les rêves, épiphanies, images saignantes/transpirantes, des messages ou obligeant les vivants à faire quelque chose.

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Les fêtes dédiées aux héros/héroïnes anciennes et aux saints modernes, et les enterrements se reflètent, et après les lamentations, et les funérailles, des cérémonies commémoratives sont célébrées sur la tombe, combinées à l’offrande de dons matériels, pour obtenir des bénéfices réciproques. Enfin, les ossements sont exhumés. Selon la couleur des ossements—leur taille exceptionnelle et douce odeur étant également un signe de sainteté—ainsi que le statut ou pouvoir du défunt dans son vivant, celui-ci devient un médiateur au sens littéral du terme, par les secondes obsèques dans l’ossuaire, ou dans un mausolée ou une église. Autrefois comme aujourd’hui, les survivants dépendent de la communication favorable du médiateur avec des puissances plus fortes—en particulier les divinités végétales—dans le monde souterrain, pour assurer la continuité de leur propre vie grâce aux fruits de la terre.

S’appuyant sur les résultats de quarante années de travaux du terrain combinés avec des sources anciennes, la communication examinera les rituels dédiés aux personnes décédées dans lesquels les pèlerinages et les offrandes de nourriture et d’autres cadeaux—tels que les ex-votos—sur les tombes sont essentiels à la préservation de la communauté, y compris la santé des peuples. Une attention particulière sera portée aux réponses des médiateurs telles que les rêves, épiphanies, icônes et statues qui saignent ou transpirent, l’envoi des messages en imprimant des lettres sur le corps d’une personne particulière (« dermographia »), ou par les médiateurs obligeant les survivants à faire quelque chose qu’ils ne peuvent pas faire eux-mêmes, comme danser.

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Cette communication explore le thème central du contact avec les défunts dans les récits orthodoxes de voyages de l’âme. Ces récits, issus de visions et de narrations populaires des XIXe et XXe siècles, décrivent des expériences où l’âme quitte temporairement le corps, traverse l’Au-delà et, entre autres, rencontre des proches défunts ou des figures spirituelles. Appartenant à la catégorie des textes édifiants, ces narrations se situent à la croisée des traditions apocryphes, des croyances populaires et des discours ecclésiastiques. À travers l’étude comparative de récits russes, grecques et balkaniques, cette recherche met en lumière le rôle central des rencontres avec les défunts. Ces dialogues post-mortem réaffirment les liens familiaux et communautaires, tout en offrant une pédagogie spirituelle sur la destinée des âmes. Par leur richesse narrative, ces visions soulignent également l’importance des émotions et des interactions dans la construction de l’au-delà. En analysant ces récits dans leurs contextes culturels et religieux respectifs, cette communication montre comment le contact avec les défunts dans les visions orthodoxes participe à une reconfiguration des espaces sociaux et spirituels. Ces expériences, à la fois individuelles et collectives, servent de catalyseurs pour renforcer l’imaginaire eschatologique orthodoxe et pour structurer des rituels et croyances autour des voyages de l’âme dans l’Au-delà.

Paper Abstract:

Cette communication explore le thème central du contact avec les défunts dans les récits orthodoxes de voyages de l’âme. Ces récits, issus de visions et de narrations populaires des XIXe et XXe siècles, décrivent des expériences où l’âme quitte temporairement le corps, traverse l’Au-delà et, entre autres, rencontre des proches défunts ou des figures spirituelles. Appartenant à la catégorie des textes édifiants, ces narrations se situent à la croisée des traditions apocryphes, des croyances populaires et des discours ecclésiastiques.

À travers l’étude comparative de récits russes, grecques et balkaniques, cette recherche met en lumière le rôle central des rencontres avec les défunts. Ces dialogues post-mortem réaffirment les liens familiaux et communautaires, tout en offrant une pédagogie spirituelle sur la destinée des âmes. Par leur richesse narrative, ces visions soulignent également l’importance des émotions et des interactions dans la construction de l’au-delà.

En analysant ces récits dans leurs contextes culturels et religieux respectifs, cette communication montre comment le contact avec les défunts dans les visions orthodoxes participe à une reconfiguration des espaces sociaux et spirituels. Ces expériences, à la fois individuelles et collectives, servent de catalyseurs pour renforcer l’imaginaire eschatologique orthodoxe et pour structurer des rituels et croyances autour des voyages de l’âme dans l’Au-delà.

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Une des particularités du saint est qu’on ne prie pas pour lui, mais avec lui. C’est déjà le cas pour les candidats à la sainteté entrés dans un processus de béatification : la prière est encouragée par l’institution et prend de multiples formes.

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Une procédure de béatification représente un long travail et engendre la consignation de nombreux écrits (les écrits du saint, les témoignages attestant de l’héroïcité de ses vertus et une production biographique rigoureuse et étayée). Pour autant, le processus d’institutionnalisation de la sainteté repose sur un paradoxe patent : il s’agit, pour l’institution ecclésiastique, de montrer l’existence d’un besoin dévotionnel envers la figure sainte tout en s’assurant qu’aucune dévotion populaire ostentatoire ne soit en place. Pendant cette période, de quoi est alors faite la relation entre le saint et sa communauté ?

Une des particularités du saint est qu’on ne prie pas pour lui, mais avec lui. C’est déjà le cas pour les candidats à la sainteté officielle : la prière est encouragée par l’institution, notamment pour solliciter des miracles. Ainsi, chaque candidat a sa prière officielle, qui circule sous diverses formes. Les supports matériels participent d’une communication publique mais sont aussi réinvestis dans la sphère privée où l’on relève des formes bricolées qui permettent d’intégrer la figure sainte dans les actes du quotidien. Plusieurs exemples, dont une litanie privée innovante, contribuent à combler le défaut de présence du saint.

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L’histoire des mondes occidentaux présente différentes formes d’incarnation de l’écriture, ou de corps inscrits de manière extraordinaire, dans le cadre d’une relation directe avec le non-visible. À partir d’une analyse de cas spécifiques, cette communication tracera un parcours autour des formes d’hétérocritures, entre faits religieux, constructions symboliques du genre et politique.

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L’histoire des mondes occidentaux présente différentes formes d’incarnation de l’écriture, ou de corps inscrits de manière extraordinaire, dans le cadre d’une relation directe avec le non-visible. Parfois surgissant de manière spontanée et subie par le sujet, dont le corps s’ouvre soudainement à devenir le substrat écrit de l’ « altérité », moins souvent liée à une forme de transmission et d’apprentissage, l’écriture incarnée a une portée qui transcende l’action individuelle et s’inscrit dans une dynamique collective. Les nombreux cas ethnographiques contemporains, ainsi que la documentation historique, montrent une typologie riche de figures de corps ouverts à ces formes de communication à l’écrit entre humains et êtres non-visibles, qui traverse le temps et l’espace. À partir d’une analyse de cas spécifiques, cette communication tracera un parcours autour des formes d’hétérocritures, entre faits religieux, constructions symboliques du genre et politique.

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Le saint, par la répétition du martyre, aspire à l'immortalité par des signes sur le corps. Le corps des femmes, marqué par les menstruations, associé à la contamination, les rendait impurs. Ne pouvant exprimer leur douleur avec les stigmates (comme saint François), les saints restent marqués dans le corps par la relation avec Jésus, comme Chiara da Montefalco, dans le cœur de laquelle, après la mort, ils trouvent les symboles de la passion: crucifix, fléau, couronne d'épines. Il en va de même pour Veronica Giuliani. Maria Maddalena de' Pazzi doit purifier son sang, qui « tache », avec le sang pur de Jésus. Dans la « mystique de la souffrance », les saints rêvent un mariage mystique avec Jésus et recherchent des formes de communication à travers le Christ. le corps et le sang. Dans la mystique contemporaine, on rencontre Natuzza Evolo, médiatrice avec les morts et avec le divin par le sang. Natuzza est une mère, voyante, stigmatisée, réunissant les caractéristiques des mystiques et des sibylles. Avec son sang, elle crée des hémocryphes sur des mouchoirs et des tissus (cœurs, croix, anges). Le corps devient médiation entre l'humain et le divin, entre la vision et la réalité. Son corps-témoignage est ouverture à la limite et à son dépassement, trace visible du sacré, de la finitude humaine et de la manifestation divine. Elle ramène au centre le langage du sang féminin, non plus impur, mais lustré et sanctifié. Le rapport vise à étudier les formes et les manières dont la sainteté féminine s’exprime à travers le langage du corps et du sang. Giacalone F., 2012, Impronte divine. Il corpo femminile tra maternità e santità, Carocci, Roma, in particolare: Gli emografi e le visioni di Natuzza, pp.153-162. Huxley A., 2008, Le porte della percezione, Mondadori, Miano (ed. or. London, 1954). Héritier F., 2004, Dissolvere le gerarchie, Raffaello Cortina, Milano (ed. or., Paris, 2002). Lacan J.,1982, God and the Jouissance of the Womenin in Mitchel J- Rose J, (a cura di), Feminine Sexuality: Jacques Lacan and the Ecole Freudienne, Norton, New York. Le Breton D.,2006, La saveur du Monde. Une anthropologie des sens, Paris. Landini C.A., 1983, Fenomenologia dell’estasi. Il caso di una santa italiana, Franco Angeli, Milano. Lombardi Satriani L.M., 2000, De Sanguine, Meltemi, Roma. Lombardi Satriani L.M.- Boggio M.,2006, Natuzza Evolo. Il dolore e la parola, Armando, Roma. Milicia M.T., 2023, La voz, el cuerpo, las asiones: Luigi M.Lombardi Satriani e Natuzza Evolo, in «Revista Andaluz de Antropologia», n.24, pp. 63-87 (Numero dedicato a La Antropologia en Italia. Homenaje a Luigi M. Lombardi Satriani). Pozzi G. (a cura di), 1992, Angela da Foligno. Il libro dell’esperienza, Adelphi, Milano. Rossi E., 1892, Psicopatia cristiana, Società laziale, Roma. Ruh K., 2002, Storia della mistica occidentale, vol. II, Mistica femminile e mistica francescana delle origini, Vita e Pensiero, Milano, (ed.or., Münche, 1993). Zangari M., 2022, Santità femminile e disturbi mentali fra Medioevo ed età moderna, Laterza, Bari-Roma.

Paper Abstract:

Le saint, par la répétition du martyre, aspire à l'immortalité par des signes sur le corps. Le corps des femmes, marqué par les menstruations, associé à la contamination, les rendait impurs. Ne pouvant exprimer leur douleur avec les stigmates (comme saint François), les saints restent marqués dans le corps par la relation avec Jésus, comme Chiara da Montefalco, dans le cœur de laquelle, après la mort, ils trouvent les symboles de la passion. Dans la « mystique de la souffrance », les saints rêvent un mariage mystique avec Jésus et recherchent des formes de communication à travers le Christ. Dans la mystique contemporaine, on rencontre Natuzza Evolo, médiatrice avec les morts et avec le divin par le sang. Natuzza est une mère, voyante, stigmatisée, réunissant les caractéristiques des mystiques et des sibylles. Avec son sang, elle crée des hémocryphes sur des mouchoirs et des tissus. Le corps devient médiation entre l'humain et le divin, entre la vision et la réalité. Son corps-témoignage est ouverture à la limite et à son dépassement, trace visible du sacré. Elle ramène au centre le langage du sang féminin, non plus impur, mais lustré et sanctifié. Le rapport vise à étudier les formes et les manières dont la sainteté féminine s’exprime à travers le langage du corps et du sang.

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Topic is folk documentation collated in 1965-1970 and in 2008-2023 in Central Italy. Search focuses on the mystical world of significance that talks through the basic tools of kitchen during the evil-eye detection and exorcism.

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Detecting the magic evil and undoing it with charms is a traditional care in many cultural settings. The cure involves a folk healer dealing with the imagined evil to heal and care for the victim. My search focuses on traditional culture of Abruzzi (Italy) to analyze and compare folk documentation collated on the “evil eye” by my father in 1965-1970 and by me in 2008-2023. According to popular belief, the evil eye produces illness, discomfort and bad luck, but it can be detected, questioned and exorcised by using specific charms which are still practiced and handed down to new generations of charmers.

The power and capacity to erase the evil eye is applied through the narrative power based on performative language and oracular communication with the evil, acted yesterday as today above all by women who do not charge money for their work in magic and practice it in their kitchen where are the ritual tools, which are nothing more than kitchen tools.

Search focuses on the ritual moment of communicating with evil as “breaking behavior” (a mediumistic behavior) expressed through means of writing such oil-writing, plate-writing, knife-writing, water-writing and other metawriting relating to the metaphysical. This mystical world of significance talks through the basic tools of kitchen: women-charmers enhance their prestige in their social in-group through their skills in communicating with the evil and send it elsewhere: by performing caring acts based on interdependence between magic and non-magic, this ideology is handed down to next generations of women.

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Cette presentation discute théoriquement et empiriquement la "croyance" largement répandue selon laquelle la technologie numérique serait une entité omnisciente, omniprésente et invisible dont dependent nos actions, nos désirs , nos attentes, nos connaissances. Cette croyance confère à la technologie numérique des qualités largement comparables à celles d'une divinité, pourtant sécularisée.

Paper Abstract:

Le théoricien français Jacques Ellul abordait déjà en 1954 le thème de la sacralisation de la technologie de manière profondément critique. Selon Ellul, sociologue et théologien, à partir de la modernité, nous assistons à une sacralisation de la technologie, dans la mesure où elle n'est pas vécue comme un simple phénomène, mais comme un pouvoir mystérieux qui apporte la vie et la mort, vécue comme un destin, avec une attitude mythique d'absolutisation des espoirs et des peurs. En utilisant une perspective média-archéologique, il est possible de trouver plusieurs preuves de ce processus. Cette présentation abordera cette question de manière théorique, mais elle montrera également quelques preuves recueillies dans une recherche empirique réalisée en Italie en 2024. Cette recherche analyse la "croyance" largement répandue selon laquelle la technologie numérique est une entité omnisciente, omniprésente et invisible dont dependent nos actions, nos désirs , attentes, connaissances dépendent. Cette croyance confère à la technologie numérique des qualités largement comparables à celles d'une divinité, pourtant sécularisée. Il semble que cette recherche confirme l'hypothèse selon laquelle les comportements des utilisateurs des smartphones et des internautes évoquent de plus en plus l'affirmation d'un nouveau « culte » numérique capable de remplir des fonctions sociales similaires à celles des religions traditionnelles, comme réduire la complexité, créer du sens ou des relations sociales ou la cohésion sociale. Ces comportements ressemblent beaucoup aux rituels d’une nouvelle religion numérique quotidienne qui font constamment référence au surnaturel.

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Dans cette communication, nous examinerons l'expérience mystique en tant qu'une forme d’expression féminine, une hétérocriture, qui passe par le corps, transformée souvent en écriture par l'autorité masculine, à partir du cas d'étude de Marie des Vallées et de son directeur spirituel, Jean Eudes, en Normandie du XVIIᵉ siècle.

Paper Abstract:

Cette communication contribue à la discussion concernant les rapports d’autorité et de genre qui se manifestent dans le cadre du contact avec le non-visible. Plus particulièrement, on examine ici l'expérience vécue de Marie des Vallées (1590-1656), mystique catholique, en tant qu'une hétérocriture, transformée en écriture par son guide spirituel, saint Jean Eudes. À partir de l'analyse de ce cas, nous argumenterons que la possession et le mysticisme sont des formes de méta-écriture, des formes d'expression corporelle, privilégiées par des femmes à l'époque moderne. Dans une période où les femmes étaient exclues de toute implication dans l'autorité politique, théologique et ecclésiastique, l'expression corporelle est devenue la seule façon d’agir pour elles ; c'était un moyen d'agency. De plus, nous examinerons comment, très souvent, telles expériences étaient reprises et transformées par l'autorité masculine. D’abord, nous étudierons comment Marie des Vallées, servante qui menait une vie hors normes, a réussi à devenir un personnage respectable, aussi que controversé, en Normandie, par le biais de son expérience personnelle. Puis, nous analyserons comment son hétérocriture a été reprise par Jean Eudes, son directeur spirituel, et transformée en écriture, à ses propres fins. En parallèle, nous aborderons les effets que cette hétérocriture a pu produire, au niveau individuel et collectif.