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Cet article soulève des questions liées à la methodologie de l’enquête de terrain dans un contexte d’incertitude. Les observations et conclusions qui seront présentées sont tirées d'une interaction atypique que les chercheuses ont eu avec leurs informatrices dans le contexte de la guerre en Ukraine.

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Cet article est le résultat d’une enquête menée en juin 2022 : une étude des pratiques culinaires des Roumains vivant à Solotvino, un village d'Ukraine. La recherche a été menée dans le cadre d'un projet plus large axé sur le patrimoine culinaire. Compte tenu des difficultés de déplacement liées au conflit armé, l’équipe a décidé de contacter deux ainées pour leur demander de témoigner lors d'un entretien en ligne. Le sujet de recherche pouvant apparaitre comme « insignifiant » en comparaison au drame vécu par la communauté ukrainienne, une interview en ligne semblait être une solution appropriée. Cependant, les deux femmes ont proposé un entretien en présentiel, pour lequel elles se sont montrées très disponibles. Ainsi, elles ont traversé la frontière pour rencontrer notre équipe de recherche.

Cette réflexion est construite autour de deux éléments majeurs : le dialogue avec les informatrices et les données récoltées. Il souligne plusieurs enjeux importants découlant de cette interaction, dont la dimension affective de la recherche, qui va au-delà des risques générés par les déplacements en période d'insécurité, semble être la principale caractéristique. Nous observerons le dialogue avec les informatrices qui ont souligné l'importance de l'alimentation comme fait culturel, surtout en temps de crise. Elles se sont notamment attardées sur le choix des recettes et des pratiques alimentaires, des ingrédients et des techniques de cuisson. Enfin, il sera question d’une analyse du comportement de ces deux femmes, l’opportunité qu’elles se sont elles-mêmes donnée (profitant d’une enquête ethnographique), pour échapper quelques heures à la réalité.

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L'actualité géopolitique a un impact direct sur la production des savoirs sur l'espace post-soviétique. Face aux contraintes de déplacement vers la Russie et l'Ukraine, les chercheur.es se tournent vers les sources et les méthodes numériques dont l'usage nécessite une profonde réflexion.

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L'actualité géopolitique met à l'épreuve les recherches sur l'espace post-soviétique en modifiant les sources accessibles, les méthodes utilisées et les concepts mobilisés. Pendant les années 2000-2010, l'Ukraine a été une direction intéressante pour accéder aux sources soviétiques dans les conditions de l'ouverture des archives plus amples qu'en Russie. Ce mouvements, surtout dans les études en histoire, a décentralisé les études (post)-soviétique en déplaçant le regard des chercheur.es vers les périphéries de l'URSS. Aujourd'hui, la guerre en Ukraine a rendu cet espace inaccessible aux chercheur.es, aussi bien que l'espace russe devenu austère à la recherche, y compris pour des raisons éthique que de sécurité. L'attention des chercheur.ses s'est de nouveau élargi: les spécialistes en études slaves se sont mise à travailler sur l'Asie centrale. Parallèlement, une vague d'études basées sur les sources numériques a lancé une transnationalisation de la création des savoirs sans lien physique avec un tel ou tel espace. Cette accentuation mise sur les liens entre les acteurs plutôt qu'à leur condition géographique a un impact profond sur l'ethnographie que nous produisons et les concept que nous mobilisons pour analyser ces espaces.

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Ce travail présente une série de réflexions survenues avec la nécessité d'adapter la méthodologie de la recherche ethnologique de terrain, dans le contexte des restrictions de mouvement et d'interaction sociale adoptées en Roumanie pendant la pandémie de Covid-19.

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Notre travail présente une série de réflexions théoriques générées par le défi de mener une recherche anthropologique sur les traditions et pratiques alimentaires dans un réseau de villages de Roumanie, dans le contexte des restrictions de déplacement et d'interaction sociale pendant la pandémie de COVID-19. La recherche a été réalisée dans le cadre du projet « Collection numérique du patrimoine alimentaire roumain et transfert à la société – FOODie ». La nécessité de respecter à la fois les délais contractuels vis-à-vis du financeur et les règles de sécurité sanitaire nous a conduit vers la solution des entretiens en ligne (Johnson 2022, Howlett 2022, Self 2021, Hedeșan&Timoce-Mocanu 2022). En raison de la spécificité de notre recherche, les personnes visées par les entretiens étaient âgées et avaient des compétences numériques minimales, ce qui nous a amenées à faire appel à une deuxième personne de la communauté interrogée, utilisatrice de PC, prête à modérer la relation avec l'informateur et à l'assister techniquement. À partir de ces expériences de recherche, nous discuterons (a) des avantages et des inconvénients du travail de terrain à distance ; (b) de la dynamique de la relation entre le chercheur et la personne interrogée dans ce nouveau contexte méthodologique ; (c) de la nature collaborative du document ethnologique, résultat du croisement des intérêts thématiques du chercheur, de sa disponibilité et de ses compétences et, dans le cas présent, du flair, de l'intuition et de la force de persuasion de l'acteur médiateur de la rencontre entre les deux.

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Entre littérature et sociologie, cette recherche porte sur l’étude de fanfictions écrites par des personnes asexuelles pour explorer leur relation à la sexualité, au désir et à l’intimité. L’enquête est menée en France et en Angleterre, dans un contexte peu favorable à ces (petits) déplacements.

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Mon travail de thèse a deux objectifs principaux : asseoir l’asexualité comme objet d’étude académique en faisant entendre la voix des personnes concernées, et explorer les espaces de créativité ouverts par Internet dans les questionnements sur la sexualité. Pour ce faire j’étudie les fanfictions publiées en ligne par des personnes asexuelles, pour mettre en lumière leurs interrogations liées aux pratiques sexuelles, à l'intimité, au couple ou à la sensualité, mais également à la jalousie, à la famille et au consentement.

Et si l’enquête est facilitée dans un premier temps par les outils fournis par les nouvelles technologies, cette étude comparée des récits en France et en Angleterre est compliquée par l’instabilité du contexte actuel, qui multiplie les obstacles et les embûches à la recherche, notamment de terrain.

Comment alors faire foisonner cette dite recherche au milieu de tant de bouleversements? En tant que doctorant, rien que le fait de poser cette question me brûle les doigts. Et pourtant elle est nécessaire, incontournable, fondamentale même, pour donner vie à nos travaux.

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Cette communication puise dans un ouvrage récemment publié en grec, "Ethnographie et Performance", et vise à mettre en relief les interconnections théoriques, méthodologiques et thérapeutiques entre ethnographie, théorie de la performance, théâtre et psychothérapie.

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Notre intervention démarre du principe que l'ethnographe, chercheur.euse sur le terrain, adopte une identité intermédiaire qui lui permet de mettre en sourdine les qualités (culturelles ou de caractère) difficilement compatibles avec les sujets de sa recherche ; sur le terrain on s’adapte et on adopte, un rôle social assigné progressivement et implicitement par nos interlocuteurs.

Nous soutenons ici qu’Il s'agit d'une technique méthodologique, qui se trouve étroitement en échange théorique avec la théorie de la performance et peut aussi profiter du système de jeu inventé par Stanislavski (La Méthode): en tant que chercheurs.euses de terrain on peut ainsi contrôler à la fois les degrés de défamiliarisation des contextes familiers au soi, ainsi que les degrés de notre propre implication dans le quotidien du terrain et son présent passager, c’est-à-dire le temps de l’enquête ethnographique.

Grâce à cette nouvelle condition d'identité intermédiaire, nous soutenons que la recherche de terrain ethnographique peut aussi retrouver une allure thérapeutique ; le chercheur.se de terrain observe, participe, analyse et fait la synthèse des données ethnographiques qui font aussi partie de sa propre vie et non seulement de celle de ses interlocuteurs – il.elle parvient ainsi à gérer en même temps les ambivalences d’un soi exprimé sur le terrain et dicté par les « autres ».

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D'après une ethnographie réalisée en immersion aux côtés d'une unité militaire d'infanterie française, cette communication se veut proposer de penser les conflits éthiques qui adviennent in situe. L'idée centrale est de partir d'exemple pour proposer une utilisation des conflits éthiques comme outil

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D'après une situation de port d'arme chargée à balle réelle demandé par la réalité de terrain, j'aimerais proposer de discuter les conflits éthiques qui s'érigent au cours de la pratique ethnographique. L'idée n'est pas de questionner la situation mais d'explorer comment - au cours de sa résolution - il est possible et probablement nécessaire de tenir compte de l'avis du terrain sur le dilemme. J'espère pouvoir montrer comment grâce à ce dilemme, il m'a été possible de discuter les limites de l'immersion tout comme il a été possible d'explorer les possibilités de désobéissance d'après les manières dont le terrain désobéi également.

En effet, ce dilemme se résout par une alliance hyper-locale de confiance associée à une désobéissance hiérarchique liée à l'intelligence de situation face à des ordres non adaptés. L'exemple à alors donné l'occasion de construire une situation j'ai appris à désobéir ethnographiquement. Cela a offert un axe de discussion ethnographique important dans lequel grâce aux limites de la méthodologie ethnographique, il a été possible de renforcer la relation de confiance et d'explorer les mécanismes déployés en situations d'adaptation au réel du groupe militaire étudié. Grace à cet exemple de dilemme éthique, j'aimerai proposer de discuter ce que le terrain permet tout de même lorsque nos limites ethnographiques correspondent aux leurs et qu'il existe des possibilités officieuse de "faire ensemble malgré tout".

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Depuis la notion de connaissance située, une position de recherche écoféministe revient à poser l'hypothèse d'une posture de réflexivité radicale, mobilisant l'expression conceptuelle de vulnérabilité et ayant des implications épistémo-méthodologiques.

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Sa pluralité est ce qui semble le plus sûrement caractériser l’écoféminisme (Burgart Goutal, 2020), un mouvement à la fois militant et de pensée qui lie exploitation des corps et de la terre. À cette pluralité se retrouve en écho un certain nombre de pratiques écoféministes courantes dans sa théorisation : ouvrages polyphoniques, élaboration théorique collective, politique de la citation… La position de chercheuse écoféministe se trouve en réalité inséparable d’un questionnement méthodologique issu de l'épistémologie féministe et de la standpoint theory (Harding, 1991). De par les exigences contenues dans mon objet de recherche – portant sur les alliances queer et écoféministes contemporaines – , est venue la nécessité de penser un terrain en philosophie (Vollaire, 2017), dans un aller-retour dialectique.

Mettre en place une pratique d’enquête permettant de relayer des récits de vie et des expériences provenant du champ des mobilisations a des effets favorise une co-construction du problème de recherche ainsi qu’une implication réciproque des un·es et des autres dans la production du savoir. Également, elle ouvre la possibilité de se laisser interroger par son objet, au risque de la déstabilisation de la posture de chercheuse.

L’hypothèse avancée dans cette présentation revient à proposer la vulnérabilité comme expression conceptuelle d’une posture épistémo-méthodologique. Il s’agit de se laisser traverser, d’adopter, en quelque sorte, une posture de vulnérabilité ouverte face aux réalités vécues, conduisant à un retour de la pensée sur elle-même, alors modifiée, troublée, transformée (Haraway, 1988) et ouvrant à la possibilité de définition d’une posture de réflexivité radicale.

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Cette présentation vise à appréhender comment les théories du point de vue situé peuvent nous apporter des savoirs spécifiques grâce à l'étude de trois échantillons différents mené sur le terrain des conditions d'accueil des identités LGBT+ dans l'Eglise catholique en France.

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Cette présentation se propose de comparer trois terrains réalisés dans le cadre d'une thèse portant sur les conditions d'accueil des identités LGBT+ dans l'Eglise catholique française.

La singularité de ces terrains résidait dans l'échantillon visé (des prêtres et des personnes LGBT+ laïques), leur négociation (ouverte ou ambivalente ; par effet boule de neige ou par les réseaux sociaux), leur condition de passation (sur internet ou en présentiel). En conséquence, ces différents facteurs ont mis en évidence des représentations diverses de la recherche et de la figure du chercheur et de la chercheuse. Elles ont également fait ressortir les jeux d'autorité, de légitimité et de rapports de force propres aux enquêté.es interrogé.es.

A mon niveau, les conditions matérielles spécifiques à chaque terrain et les conditions de la recherche - avant, puis pendant le Covid ; sans, puis avec un financement, isolée puis reliée à une communauté de recherche - ont de même influencé mes analyses.

Il s'agira donc, à l'aide des théories du point de vue situé (Haraway, 1988 ; Harding, 2010 ; Mahmoud, 2009) et de la réflexivité (Beaud & Waber, 1997 ; Bourdieu, 2022 ; de Sardan, 1995 ; Weber, 2003) de proposer des pistes d'analyse sur les stratégies permettant de gagner en objectivité dans la pratique ethnographique, et par ce moyen, d'acquérir des connaissances qui ne pourraient être produites par les voies classiques de la recherche.