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- Convenors:
-
Adib Bencherif
(University of Ottawa)
Denia Chebli (Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
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- Stream:
- Social Anthropology
- Location:
- Appleton Tower, Seminar Room 2.04
- Sessions:
- Wednesday 12 June, -
Time zone: Europe/London
Short Abstract:
Suite à la signature de l'Accord d'Alger en 2015 par les parties en conflit, le Mali entre dans une période « intérimaire ». Ce panel étudie les dynamiques, les récits et les pratiques du politique au cours de cette période dans leurs ruptures et leurs continuités avec le conflit amorcé en 2012.
Long Abstract:
En juin 2015 à Alger, l'Accord pour la paix et réconciliation au Mali est signé par les parties en conflit. Le Mali entre alors dans une période dite « intérimaire » encadré par l'international (MINUSMA, organismes de médiation etc.). Cette période se caractérise par la poursuite des négociations et de conflits entre divers groupes armés rebelles, loyalistes, représentants de l'État malien, et groupes jihadistes. Ce panel vise à étudier les dynamiques, les récits et les pratiques du politique qui s'inscrivent tantôt en ruptures, tantôt en continuités avec le conflit amorcé en 2012. En terme de rupture, on observe par exemple que des scissions du principal mouvement indépendantiste (MNLA), se placent du côté de l'Etat lorsqu'ils se constituent en mouvements armés indépendants suite à la signature de l'Accord. En parallèle, au regard des anciennes rébellions de nombreuses continuités persistent telles que l'explosion des formes de représentativités ou la compétition entre groupes pour l'accès aux ressources de l'Etat.
Ce panel présentera des communications qui se basent sur une approche ethnographique et mobilisent des données empiriques collectées lors de terrains de recherche réalisés au Mali ou dans la sous-région depuis la signature de l'accord. Ils peuvent s'inscrire dans une perspective nationale, régionale ou locale en analysant les dynamiques, les récits et les pratiques du politique des divers acteurs. Enfin, une réflexion méthodologique sera aussi réalisée, dans chacune de ces études, pour questionner les particularités et les limites des terrains de recherche peu accessibles.
Accepted papers:
Session 1 Wednesday 12 June, 2019, -Paper short abstract:
Les élites songhay à Bamako, qui ont en majorité exprimé leur opposition à la rébellion depuis 2012, ont tenté de protéger leur rapport privilégié à l'Etat en soutenant l'Accord sans abandonner la défense des populations qu'ils entendent représenter, se mobilisant autour d'une « cause songhay ».
Paper long abstract:
Fondée sur plusieurs mois d'enquête de terrain à Bamako entre 2016 et 2019, cette communication s'intéresse au positionnement des élites politiques et administratives songhay originaires du Nord du Mali après la signature de l'Accord d'Alger. Alors qu'ils sont davantage présents dans l'Etat central malien que les cadres issus d'autres groupes sociaux du Nord, les cadres songhay sont confrontés à de nouveaux enjeux suite à la signature de l'Accord, qui est partiellement vécu comme un risque pour l'autonomie politique des populations songhay et pour la reproduction des cadres songhay dans l'appareil d'Etat, mais aussi comme porteur de potentielles opportunités professionnelles. La poursuite de l'intégration des cadres songhay dans l'Etat, qui s'est accompagnée depuis 2012 d'une forte opposition à la rébellion, opère donc des recompositions particulières au cours du processus de paix. En analysant différentes trajectoires de cadres songhay à cette période, cette communication cherche à montrer :
- D'une part, comment l'Etat malien compte sur les cadres songhay pour intégrer le Nord dans l'Etat sans n'intégrer que des anciens rebelles, et naviguer ainsi entre injonctions internationales de représentativité et critiques locales à l'égard d'un Etat malien faible face aux rebelles.
- D'autre part, la façon dont les cadres songhay forgent leurs trajectoires d'ascension sociale et politique dans le contexte post-accord d'Alger, entre intégration dans les instances liées au processus de paix, liens avec les groupes armés signataires de l'Accord issus des réseaux Ganda Koy et pression sur les autorités par la menace du tribalisme politique (création du mouvement Ir Ganda).
Paper short abstract:
Comptant sur 10 mois d'ethnographie à Bamako, ce papier analyse les discours et pratiques des Kel Tamasheq par rapport au moment «post-Accords», où des nouvelles possibilités s'ouvrent (rupture) mais la sensation d'inapplication des Accords est la norme (continuité).
Paper long abstract:
Ce papier voudrait analyser les discours et les pratiques des Kel Tamasheq, asa Touareg, qui sont à Bamako par rapport au Mali «post-Accords». Cette analyse sort de 10 mois d'ethnographie à Bamako, déroulée entre 2017-2019, moment déjà «post-Accords», et elle s'est focalisée sur la vie quotidienne des Kel Tamasheq qui ne sont pas directement impliqués dans la gestion militaire ou politique de la crise (e.g. étudiantes, femmes à la maison ou qui font du petit commerce, chômeurs, travailleurs dans des ONG, forgerons).
Même si très hétérogènes, les perspectives sur les Accords soulignent, d'une part, la rupture avec le plan indépendantiste du MNLA et éclatent différentes pratiques pour rentrer dans les processus des accords, spécialement comme société civile et dans le cadre de l'humanitaire. D'autre part, les discours des Kel Tamasheq remarquent une expérience de continuité dans l'insécurité et la violence au Nord du pays, résultat même de la claudicante application des Accords. Cette continuité, la communication argumente, a des racines plus anciennes que la crise de 2012 et se constitue sur un difficile dialogue entre l'état et les Kel Tamasheq, qui difficilement se sentent représentés par le premier.
Pour conduire cette ethnographie une grande mobilité dans la ville de Bamako a été nécessaire sous le diktat de ne pas sortir de la capitale. Cette méthodologie ne peut que soulever des questions sur les limites d'observations et même de sécurité pour les participants à la recherche et pour la chercheuse dans un moment historique très délicat.
Paper short abstract:
« Le bon médiateur, c'est celui qui vous fait accepter la perte. » Cette vision d'un Haut-représentant malien, recueillie à Bamako en juin 2015, a inspiré cette proposition qui souhaite interroger les récits sur la médiation par les acteurs au conflit qui en ont été les récepteurs directs.
Paper long abstract:
Il s'agira de présenter et d'analyser à travers des entretiens réalisés entre 2012 et 2017, auprès des acteurs étatiques - maliens, sahéliens, et internationaux- et des groupes (anciennement) rebelles, les « pertes » ressenties : perte d'autorité, voire de souveraineté, pour l'État malien face à une médiation internationale aux méthodes de résolution de conflit propres; perte d'autonomie, pour les acteurs signataires du Nord au regard de la présence de forces armées étrangères dans leurs zones ; perte de puissance des États médiateurs en compétition afin de déterminer ce qui était « attendu » de la médiation algérienne et internationale.
Cependant, si l'instabilité demeure au Nord du Mali, la « perte » est à différencier chez les acteurs liés au conflit. Certaines figures et groupes armés ont ainsi développé des logiques de « contournement » pour conserver leur assise politique régionale en s'intégrant dans le cadre défini par l'Accord de paix, tout en maintenant une marge de manœuvre propre dans la compétition entre acteurs locaux. Il s'agit ainsi de voir comment le sentiment de déprivation issu de la médiation a été intégré par les acteurs puis transformé par leurs pratiques vers une appropriation personnelle.
En filigrane, la contestation apparente de la figure du médiateur interroge, enfin, les différences de définition données à la Paix par les acteurs locaux et les États régionaux et extérieurs. Le fait que celles-ci n'aient pas été véritablement explorées et désamorcées lors du processus de négociation semble pouvoir expliquer, au moins en partie, l'instabilité durable au Mali.
Paper short abstract:
Le processus de paix constitue un moyen pour les acteurs armés de convertir leur capital militaire en capital politique ou économique. Cependant, est-ce que n'importe quel acteur armé peut en bénéficier ? Cela implique t-il une continuité ou une rupture avec le système social précédent ?
Paper long abstract:
Lors d'un diner informel avec l'ancienne mairesse de Goudam, alors que nous discutions de la mise en œuvre de l'accord de paix, celle-ci constate amèrement au détour d'une phrase que « cette guerre a créée de nouveaux acteurs politiques et de nouveaux riches ». Cette communication propose d'éprouver cette affirmation à partir de faits politiques et d'éléments empiriques divers.
La médiation internationale, par la mise en place de nombreux dispositifs (commissions, autorités intérimaires..) permet aux acteurs armés qui ont « signé la paix » de convertir leur capital militaire en capital politique ou économique. L'objet de cette communication est donc de repérer ce qui change mais également ce qui perdure après une période de conflit. Y'a t-il une subversion des hiérarchies sociales ou au contraire un renforcement des rapports de domination ? Pour tenter d'y répondre, je m'appuierai en particulier sur les notions de capitaux et de ressources et le concept de conversion.
Cette communication s'appuie sur huit terrains menés entre 2012 et 2018 d'une durée de 7 mois et demi au total, au Mali et dans les pays de la sous-région (Mauritanie, Algérie, Niger, Maroc), principalement auprès de membres des mouvements armés constituant la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA).