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- Convenors:
-
Ingrid Hall
(Université de Montréal)
François Verdeaux (IRD)
- Chair:
-
Bernard Moizo
(IRD)
- Discussant:
-
Sylvie Poirier
(Université Laval)
- Stream:
- Relational movements: States, Politics and Knowledge/Mouvements relationnels: États, politiques et savoirs
- Location:
- VNR 4084
- Start time:
- 3 May, 2017 at
Time zone: America/New_York
- Session slots:
- 2
Short Abstract:
La reconnaissance internationale des savoirs autochtones sur l'environnement en 1992 a induit leur prise en compte par des acteurs qui, en mobilisant la catégorie, ont contribué à en (re)définir le contenu. Ces processus seront l'objet du panel.
Long Abstract:
La reconnaissance des « savoirs traditionnels » portant sur l'environnement par la Convention sur la diversité biologique de 1992 a créé une situation nouvelle. Les processus qu'elle entraîne localement induisent des effets de rétroaction qui posent à leur tour des questions à la fois pratiques et épistémologiques (Agrawal 2003) : sur la spécificité de ces savoirs, sur leur transmission, mais aussi et surtout sur leur mode d'élaboration. Du fait de cette reconnaissance, leurs « régimes de production » (Bonneuil et Thomas 2009) ne sont-ils pas devenus intrinsèquement hybrides ? Objets de droits, ces « savoirs locaux » ou « autochtones » sont également devenus l'objet d'enjeux politiques (Michon 2002). Dorénavant, les « peuples autochtones » sont reconnus détenteurs de savoirs et du droit de bénéficier des avantages qui peuvent en dériver, à la condition d'être considérés comme tels.
Les situations ainsi créées induisent des effets en retour : les savoirs en voie de reconnaissance y sont (re)-découverts, (re)-formulés voire négociés par les intéressés dans un jeu de transactions permanentes d'un groupe d'acteurs à un autre (Leach and Fairhead 2002; Martínez 2007; Keller 2015). Par exemple, les processus de patrimonialisation - très souvent suscités directement ou indirectement par des interventions extérieures - induisent des reconstructions, plus ou moins concertées selon les cas, des « savoirs locaux » ou « savoirs autochtones ».
Ce panel est dédié aux ethnographies situées et réflexives de ce type de processus.
Accepted papers:
Session 1Paper short abstract:
Les deux systèmes pêche ethnographiés sont éloignés à de nombreux points de vue. Ils dessinent pourtant des espaces de production similaires. Pour le comprendre on analyse les modes de constitution et de transformation successives du « savoir halieutique » qui les organise.
Paper long abstract:
Les pêcheurs lagunaires de Côte d'Ivoire et ceux du delta central du fleuve Niger au Mali sont a priori éloignés, outre la distance géographique, par la culture et les propriétés des milieux exploités. Pourtant, les espaces de production qu'ils organisent, sans être identiques, présentent une structure très similaire relevant d'une même « saisie halieutique de l'espace » (Fay 1989). Le mode d'élaboration de ce « savoir halieutique » (Verdeaux 1992) ainsi que ses transformations historiques par « réorganisation périodique d'éléments déjà présents (mais combinés différemment) » (Descola 1994) nous amène, d'une part, à identifier les traits élémentaires communs à ce type de savoir et d'autre part, à distinguer les connaissances naturalistes empiriques des savoirs traditionnels proprement dit.
Paper short abstract:
Des Karen vivant en Thaïlande menacés d’expulsion réactualisèrent d’anciens rituels mettant en scène une façon d’être « karen ». Utilisant des symboles forts du groupe dominant pour affirmer leur identité comme moyen de surmonter un dilemme : se présenter Thaï tout en maintenant des valeurs Karen.
Paper long abstract:
Des populations Karen, installées depuis plus de 300 ans dans des zones forestières de l'Ouest de la Thaïlande. Elles y ont vécu en bonne entente avec les autorités thaïlandaises, mais en 1992 suite à l'agrandissement d'un parc national elles furent menacées d'expulsion de leur territoire d'origine qui leur avait été alloué par un ancien monarque du royaume de Siam. En réaction ces Karen adaptèrent des cérémonies, décrites en 1850 en Birmanie, dans lesquelles ils affirment l'identité Karen. Ce rituel dédié aux esprits tutélaires du territoire chez les Karen doit résoudre dilemme : ils sont les fils de la forêt, en sont partie intégrante, les déplacer (les en exclure) serait une hérésie voire un danger pour ce milieu, car ce sont les garants de l'harmonie entre les hommes et la nature. Les Karen ont patrimonialisé un site (sanctuaire de l'éléphant blanc), symbole du bouddhisme thaïlandais, et réaffirment en permanence leurs « savoir faire » et « savoir être » pour gérer et protéger la forêt. Leur perception de la nature donne aux Karen une place privilégiée dans leur milieu où ils maintiennent un équilibre écologique menacé de l'extérieur. Le discours public sur les relations hommes/environnement les cite en exemple de la bonne cohabitation « hommes/forêts ». Depuis lors, en Thaïlande les Karen sont au centre d'un discours « scientifico-écologisant » où le savoir local est considéré comme le seul moyen de conservation et de gestion des ressources naturelles, attitude toute aussi erronée que d'affirmer l'inverse sans aucun discernement.
Paper short abstract:
La constitution d’un patrimoine bioculturel dans le Parc de la pomme de terre de Pisac (Pérou) sera analysée sous le prisme des contraintes juridiques liées à l’obtention, pour les paysans péruviens, d’un régime de protection des variétés natives de pommes de terre qu’ils produisent et conservent
Paper long abstract:
Étant donné le régime juridique international en matière de ressources végétales, la mise en place d'un régime juridique sui generis pour des variétés natives de plantes cultivées (landraces) reste un objectif difficile à atteindre (Bonneuil 2015). L'un des outils les plus prometteurs semble être celui de « patrimoine bioculturel », lequel est notamment mobilisé dans un cas fameux dans le domaine de la conservation de l'agrobiodiversité, à savoir le Parc de la pomme de terre de Pisac (Andes du Sud du Pérou). Nous proposons dans cette intervention d'analyser la constitution de ce patrimoine bioculturel. Dans la mesure où le principal objectif de cette démarche est d'ordre légal, l'influence du droit sera avant tout questionnée. Nous nous pencherons notamment sur la façon dont les registres de la culture et de la nature sont, dans cette proposition, effectivement pris en compte et articulés entre eux.
Paper short abstract:
La montagne est l'axe à partir duquel je me propose d'étudier les usages, transformations et transmissions des « cosmovisions indigènes », au regard à la fois de ritualités ordinaires paysannes et d'élaborations plus ostentatoires s'insérant dans une mise en tourisme et patrimoine de la montagne.
Paper long abstract:
Depuis les années 1980, les « cosmovisions indigènes », et a fortiori les « savoirs traditionnels autochtones », ont connu en Équateur diverses valorisations. Qu'elles aient été portées par des acteurs catholiques investis par la Théologie de la Libération ou des leaders politiques indigènes, elles ont fini par être reconnues comme étant une spécificité culturelle à défendre, préserver, transmettre et promouvoir.
Des rites ordinaires, pratiqués dans l'intimité des foyers afin d'intercéder auprès des esprits-maîtres de l'environnement pour en obtenir les bonnes grâces, se sont ainsi retrouvés promus comme des signes manifestes d'une « profonde identité indigène ».
Dans le cadre notamment de la construction d'une société « plurinationale » et « interculturelle », promue par deux constitutions successives, il s'agira de comprendre comment les représentations et pratiques « autochtones » autour de la montagne et plus généralement de la nature, se trouvent aujourd'hui impliquées dans l'invention de nouveaux rituels voulant célébrer le rapport de l'homme à la nature, ainsi que dans des projets touristiques (Musée de la montagne) et patrimoniaux (Chimborazo, patrimoine de l'Humanité ou paysage culturel de l'Humanité), faisant de la montagne un objet à muséifier et patrimonialiser.
Nous montrerons comment s'y côtoient représentations indigènes de la montagne et fierté identitaire nationale, comment certaines formulations s'éloignent des pratiques effectives paysannes mais également comment une certaine reformulation de cette cosmovision pénètre doucement les communautés rurales. Un terrain effectué sur le long terme, jalonné par quatre enquêtes ethnographiques réalisées en 2004, 2005, 2006 et 2015, permettra d'évaluer cette lente mais sûre progression.
Paper short abstract:
La réhabilitation d'un savoir médical traditionnel dans les régions autonomes atlantiques du Nicaragua constitue le pivot des stratégies régionales de décentralisation politique. La contribution proposée questionnera les processus de construction et de négociation d'un tel savoir.
Paper long abstract:
La question de la reconnaissance des « savoirs traditionnels » autochtones a connu une résonnance toute particulière pour les populations indigènes et afro-descendantes de la côte caribéenne du Nicaragua, suite à l'obtention du statut d'autonomie régionale en 1987. L'élite intellectuelle locale, appuyée par de nombreux programmes de coopération internationaux, a œuvré, dès les années 90, à la construction d'une Université indigène (URACCAN), véritable foyer de production et de diffusion de ce savoir local. Placé sous l'égide de l'« institut de médecine traditionnelle », la reconnaissance des savoirs médicaux autochtones devient alors le catalyseur du processus d'autonomie. Il s'agit, pour les politiques locales, de faire reconnaître, par la valorisation du savoir autochtone, une différence épistémologique fondamentale dans la manière d'appréhender la santé, différence légitimant ensuite le transfert de la gestion centralisée de la santé vers le gouvernement régional autonome.
La contribution proposée tentera, à l'aide de données ethnographiques, de saisir le processus de construction de ce savoir médical indigène en documentant les différentes stratégies de reconnaissances élaborées. On accordera une attention particulière aux objets de savoirs que sont les « plantes médicinales » et les « maladies indigènes » et à ce que ces nouveaux artefacts produisent en retour (conflits politico-épistémologiques arbitré par l'évaluation scientifique ; consolidation d'une spécificité indigène reposant sur le principe de cosmovision, effets de décalage entre cette construction et la pratique des guérisseurs locaux).