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- Convenors:
-
Clint Bruce
(Université Sainte-Anne)
Chantal White (Université Sainte-Anne)
- Stream:
- Relational movements: Lively Languages/Mouvements relationnels: Langues vivantes
- Location:
- TBT 0021
- Start time:
- 2 May, 2017 at
Time zone: America/New_York
- Session slots:
- 1
Short Abstract:
Cette séance explorera l'articulation des idéologies et pratiques linguistiques à la racialisation des identités en francophonie nord-américaine. Il s'agit de poser un regard nouveau sur des réalités normalement appréhendées à travers le miroir déformant des « deux solitudes » du contexte canadien.
Long Abstract:
Langue rêvée universelle par les philosophes des Lumières, le français n'en a pas moins participé de l'idéologie raciale sous-tendant l'entreprise coloniale à partir du XVIe siècle (dont la glottophagie s'appuyait sur ce même discours universalisant). Si cette problématique a fait l'objet de réflexions poussées en études postcoloniales, c'est beaucoup moins le cas de la recherche sur les francophonies d'Amérique du Nord. Pourtant, la race constitue un principe de structuration de la société nord-américaine. La préséance de la question linguistique dans le contexte canadien, figurée par l'image des deux solitudes, est-elle devenue un miroir déformant à travers lequel appréhender l'ensemble des réalités contemporaines?
C'est dans l'espoir d'ouvrir de nouvelles perspectives que nous invitons les chercheur-e-s à explorer l'articulation des idéologies et pratiques linguistiques à la racialisation des identités. D'ailleurs, du point de vue historique, comment ces intersections ont-elles évolué au gré des mutations culturelles et politiques ? Il s'agit là de questions urgentes si nous considérons, par exemple, le rôle du français comme langue de l'espace public dans un Québec pluriel, la violence structurelle à l'encontre des peuples autochtones de même que les revendications des groupes métis, l'importance grandissante de l'immigration dans les communautés francophones minoritaires ou encore les mouvements de renouveau ethnique aux États-Unis.
Accepted papers:
Session 1Paper short abstract:
En Acadie, les imaginaires collectifs s’écroulent à la suite de la Déportation de 1755. Sur la mémoire de cet événement, un nouveau mythe de fondation émerge sur les ruines de l’ancienne colonie autour de la foi, de la langue française et de la race.
Paper long abstract:
En Acadie, les imaginaires collectifs s'écroulent à la suite de la Déportation de 1755.. Les élites acadiennes bâtissent alors un nouveau mythe de fondation autour de cet évènement. Construit autour de la foi catholique, de la langue française et de la race, le récit mythique de la Déportation devient alors la pierre angulaire permettant à la communauté de s'unir autour d'un destin commun.
C'est autour de cet alliage des imaginaires collectifs que porte notre attention. Nous intéressant au mythe de fondation, nous allons présenter le processus de mythification du Grand Dérangement chez les élites acadiennes des Maritimes entre 1763 à 1900. Pour y arriver, nous allons utiliser la théorie Gérard Bouchard. Cet auteur propose de nouveaux outils d'interprétation des imaginaires et des mythes sociaux liés directement à l'analyse du discours et adapter aux sociétés modernes. Il prend comme objet d'étude la pensée sociale et politique (le discours), qui s'emploie à élaborer des visions d'une société (imaginaire) générant une culture par des représentations du présent (de l'identité de soi et de l'autre), de son passé (mémoire) et de son avenir (utopie), « doublées d'un programme d'action individuelle et collective ».
La genèse de l'identité acadienne a souvent été traitée sous l'angle de l'idéologie, des identités ou du nationalisme, mais très peu sous l'angle des mythes et des imaginaires collectifs. Le cas de l'Acadie permet alors de mettre en lumière l'utilisation de la théorie de Gérard Bouchard ainsi que de dévoiler les résultats pertinents que peut mener ce type de recherche.
Paper short abstract:
Les recherches sur la diaspora acadienne privilégient souvent les rapports avec la Louisiane, sans toutefois tenir compte de sa dynamique raciale. L'étude de témoignages d'Acadiens des années 1920-30 permettra de préconiser une approche ethnographique (re)centrée sur la racialisation des identités.
Paper long abstract:
Qu'elles s'intéressent à l'appropriation de mythes communs, aux enjeux politiques liés à la territorialité, ou encore à la marchandisation de l'identité en contexte néolibéral, les recherches sur la diaspora acadienne ont souvent privilégié les rapports avec la culture cadienne de la Louisiane, reconfiguration identitaire propre à cette population américaine issue du « Grand Dérangement ». Or, la race, en tant que principe structurant de l'ethnicité aux États-Unis, est à peu près absente de ces réflexions ; cette lacune apparaît d'autant plus curieuse que la revendication identitaire acadienne en Louisiane comporte une affirmation plus ou moins implicite de la « blanchitude » en situation post-esclavagiste.
C'est au tournant du XXe siècle que l'élite acadienne des Maritimes établit des contacts durables avec des Louisianais d'origine acadienne. Orientés par l'idéologie nationaliste de l'époque, ces Acadiens du Canada sont, eux, très frappés par la dynamique raciale en Louisiane et du « voisinage des nègres », au dire d'un voyageur ; certains sont surpris de découvrir que « beaucoup de ces Noirs parlent français ». Autant dire que la créolisation culturelle brouille les frontières de la nation et met à mal la conception familiale de sa diaspora, métaphore toujours en vigueur.
En examinant divers témoignages des années 1920-30, cette communication se propose de renouveler l'approche ethnographique de l'acadianité par un recentrement sur la question raciale. Au lieu d'insister sur un socle unique, cette perspective incite à considérer l'identité diasporique comme productrice de diversité « à travers la transformation et la différence » (Hall, 1990).
Paper short abstract:
Cette contribution examine la notion de « minorité dans la minorité » en croisant les processus de minorisation linguistique à ceux de l’exclusion sociale. Seront analysées les modalités de socialisation et d’intégration de travailleurs étrangers temporaires dans une communauté rurale acadienne.
Paper long abstract:
Cette communication a pour objectif de revisiter la notion de « minorité dans la minorité » (Madibbo, 2006) en croisant les processus de minorisation linguistique à ceux de l'exclusion sociale. Il s'agira d'examiner les multiples et complexes intersections entre langue et race à l'œuvre dans la production de la différenciation sociale et leurs effets sur les modalités de socialisation et d'intégration de migrants non francophones au sein d'une communauté francophone minoritaire. À cette fin, seront présentés les résultats d'une récente étude ethnographique portant sur les travailleurs étrangers temporaires (désormais TET) à Cap-Pelé, communauté rurale acadienne au Sud-Est du Nouveau-Brunswick. Depuis un peu plus de cinq ans, en raison d'une pénurie de main-d'œuvre locale, l'industrie régionale de transformation de fruits de mer embauche des TET en provenance principalement de la Jamaïque, des Philippines et du Mexique. Au cœur de l'économie et de l'identité locales, cette industrie provoque ainsi, de façon soudaine, une diversité ethnoraciale et un plurilinguisme dans un contexte où l'association entre langue française, blanchitude et catholicisme a traditionnellement marqué le tissu social. En se basant sur des observations dans des lieux publics ainsi que sur des entretiens avec des TET et des résidents locaux, on examinera comment, pourquoi et avec quelles conséquences les pratiques linguistiques marquent-elles des frontières dans les contacts intergroupes et les réseaux sociaux. Plus avant, il s'agira d'analyser les rapports idéologiques que les différents acteurs entretiennent à l'égard du français dans ce petit milieu afin d'éclairer comment ils participent de la construction d'une minorité dans la minorité.
Paper short abstract:
La présente communication se penchera sur comment des animateurs d’une radio haïtienne desservant la comunauté immigrante de Montréal naviguent la rencontre entre la dualité linguistique du contexte canadien et la dualité de couleur (noir / mulâtre) en contexte haïtien.
Paper long abstract:
Le proverbe haïtien « nèg rich se milat, milat pòv se nèg » illustre bien comment la lutte des classes en Haïti se vit, comme l'explique Micheline Labelle, « sous sa couverture coloriste » (Labelle 1982 : 52). En effet, la dualité entre noirs et mulâtres traverse le récit historique du pays et constitue le prisme à travers duquel y sont comprises les idéologies à la fois politiques et linguistiques.
À leur arrivée au Québec, les vagues successives d'immigrants haïtiens qui se sont établis à Montréal à partir du début des années 70 se sont heurtées à une nouvelle dualité, linguistique cette fois. En tant que ressortissants d'un pays membre de la francophonie, les immigrants d'origine haïtienne étaient considérés par les autorités provinciales comme francophones, en dépit du fait qu'en Haïti seulement 4 à 8% de la population parle couramment le français. Ainsi, d'une dualité de couleur (noir / mulâtre), ils sont passés à une dualité linguistique (anglais / français). Tous ceux qui n'entraient pas dans ce cadre se rangeaient dans la catégorie essentiellement transitoire d'allophones. Pour les Québécois d'origine, les Haïtiens devenaient de fait des noirs parlant français, peu importe qu'en Haïti ils se soient considérés grimauds, marabouts, mulâtres, ou noirs, créolophones ou francophones.
La présente communication se penchera sur comment des animateurs d'une radio haïtienne de langue française desservant la communauté immigrante de Montréal naviguent la superposition de ces dualités multiples et parfois contradictoires dans le cadre de leurs activités quotidiennes en ondes et hors des ondes.