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- Convenors:
-
Moussa Sagna
(Université Cheikh Anta Diop de Dakar)
Alice Chaudemanche (Institut National des Langues et Civilisations Orientales)
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- Format:
- Panel
- Streams:
- Language and Literature (x) Futures (y)
- Location:
- Philosophikum, S68
- Sessions:
- Wednesday 31 May, -
Time zone: Europe/Berlin
Short Abstract:
Comment le roman en langue africaine reconfigure le passé et le futur ? Quel futur du monde, de la littérature, des langues projette-t-il ? Peut-on écrire une histoire du roman africophone sous l’angle de son rapport au futur ? Quelles différences d’une langue et d’un contexte à l’autre ?
Long Abstract:
En bouleversant les répertoires (introduction d’un nouveau genre) et en instaurant un nouveau rapport à la langue (standardisation, ouverture sur l’extérieur) et à la culture (réinvention des récits traditionnels, production d’un autre imaginaire culturel), l’arrivée du roman dans les langues d’Afrique (Garnier et Ricard, 2006) a reconfiguré le rapport de la littérature au passé et au futur. Les premiers romans sont des archives tournées vers un futur (Ricard et Vierke, 2015) qui ne s’est pas forcément réalisé et qu’il importe de « rouvrir » (Sarr, 2019), que ces futurs aient été envisagé de manière pragmatique (production d’un lectorat en vue d’une révolution culturelle africophone) ou sous la forme de fictions spéculatives. Comment ces premiers textes dialoguent-ils avec la production contemporaine qui remodèle à son tour le futur ? En quels termes les romans africophones posent-ils la dialectique entre utopie et dystopie qui caractérise les fictions des futurs africains (Chavoz et Mangeon, 2022) ? L’importance de la science-fiction et de l’afrofuturisme dans l’histoire du roman africophone, de ses débuts jusqu’à nos jours, montre qu’écrire le futur (Rettovà, 2017) est une des missions assignées au roman. En prenant en compte le temps long de la production romanesque en langues africaines, ce panel entend faire dialoguer des contributions portant sur des fictions futuristes écrites en langues africaines. Les contributions pourront porter sur l’histoire politique et matérielle de romans, sur l’étude des procédés narratifs, stylistiques et linguistiques mis en œuvre par les romancier•e•s et/ou par leurs traducteur•trice•s ou proposer une analyse philosophique des concepts engagés dans ces fictions.
Langues du panel : français et anglais
Accepted papers:
Session 1 Wednesday 31 May, 2023, -Paper short abstract:
En s’appuyant sur les rouages de l’histoire et les ressorts de la fiction, cette étude explore les voies/voix du récit dans les trois romans en wolof de Boubacar Boris Diop : Doomi Golo (2003), Bàmmeelu Kocc Barma (2017) et Malaanum lëndëm (2022).
Paper long abstract:
Les romans du Sénégalais Boubacar Boris Diop se tissent comme un rempart contre l’oubli. Les lignes y sont rédigées avec la sève de la mémoire. La narration, par différents détours, élève des stèles, aménage des sites de recueillement, configure un panthéon.
Ces traces ne sont pas cependant des témoins du passé ; elles balisent aussi les chemins du futur, en donnant au lecteur les clés pour investir et interroger l’histoire et la culture de sa société, de son continent. Aussi sont convoqués, au fil des pages, des pans évocateurs du patrimoine littéraire national : la chanson populaire, la poésie écrite en wolofal, l’œuvre des écrivains modernes…
L’histoire s’écrit et se transmet à partir de l’archive (les carnets de Ngiraan Fay, les manuscrits de Kinne Gaajo, les coupures de presse de Keebaa Jakite…). Elle naît au confluent de la plume et de la parole, le papier étant aussi l’écho des interactions verbales qui peuplent l’univers des personnages. L’enchevêtrement de sources et de supports dit la complexité du projet de raconter le réel, le rêve et leurs ambiguïtés.
En s’appuyant sur les rouages de l’histoire et les ressorts de la fiction, cette étude explore les voies/voix du récit dans les trois romans en wolof de Boubacar Boris Diop : Doomi Golo (2003), Bàmmeelu Kocc Barma (2017) et Malaanum lëndëm (2022).
Paper short abstract:
By comparing the mother tongue to a nourishing udder, the swahili writer Shaaban Robert brings an imaginary of a language in contact with moving bodies, in relation to environments and in permanent interaction with other languages, preparing the emergence of the swahili novel in the sixties.
Paper long abstract:
Tous les lecteurs de l’œuvre de Shaaban Robert connaissent le vers qui ponctue son célèbre poème sur le kiswahili : « Titi la mama ni tamu, jingine halishi hamu » (Le sein maternel est doux, aucun autre ne peut apporter satisfaction). En comparant la langue maternelle à une mamelle nourricière, cette image qui revient comme un refrain tout au long des quarante-trois strophes du poème porte avec elle un imaginaire de la langue que je voudrais interroger dans une perspective écolinguistique. Publié en 1960, ce long poème de Shaaban Robert sur le kiswahili est un hommage à cette langue, composé dans un contexte où celle-ci n’est pas encore véritablement reconnue comme une langue majeure à l’échelle mondiale, en dépit des efforts de l’administration coloniale pour en faire la langue unificatrice de l’Afrique de l’Est. En mettant le langage en relation avec les besoins du corps, Shaaban Robert défend un espace de vie pour la langue swahilie. Il nous invite à voir comment le kiswahili existe et se développe en contact avec les corps en mouvement, en relation avec des milieux et en interaction permanente avec les autres langues, et prépare, ce faisant, l’émergence du roman swahili à partir des années 60.
Paper short abstract:
Le jour de l'Indépendance est un événement qui marque la conjonction entre un passé prêt à disparaître et un avenir encore en germe. Pour un même pays, le Kenya, le traitement de ce récit est-il différent selon la langue employée par les romanciers?
Paper long abstract:
Les cérémonies de l’Indépendance représentent par essence un moment de transition entre l’ordre colonial prêt à se retirer et un nouveau pouvoir, local, qui n’a pas encore fait ses preuves. Par conséquent, le récit de cet événement constitutif de la nation permet de faire le bilan d’un passé récent et de se projeter dans un avenir incertain. Ainsi, les deux romans que nous souhaitons aborder dans le cadre de cette communication traitent de l’Indépendance du Kenya, le 12 décembre 1963, mais ils le font dans des langues et des contextes différents. A Grain of Wheat de Ngugi wa Thiong’o est le troisième roman de son auteur publié en anglais dans la prestigieuse African Writers Series en 1967. L’intrigue se passe le jour de l’Indépendance et suit le point de vue de Mugo, un homme au passé trouble à qui l’on demande de prononcer un discours pour célébrer la lutte contre les colons. Mikasa ya Joseph Juma, roman en swahili de Leo Odera Omolo, publié en 1971, retrace le parcours d’un anti-héros, prisonnier de droit commun et gracié par erreur à l’occasion des festivités du 12 décembre. Nous nous demanderons dans quelle mesure le regard porté sur l’avenir à partir de l’Indépendance du Kenya varie d’une langue à l’autre.