Paper short abstract:
En partant d’une tentative de déconstruction du concept de film d’évangélisation, cette communication tentera de saisir le double- jeu et double-visage de ces films entre les institutions européennes qui les finançaient à des fins de propagande et leurs fidèles-spectateurs en Afrique.
Paper long abstract:
Dans leurs films, les réalisatrices belgo-congolaise Delphine Wil et Burkinabè Éléonore Yameogo donnent la parole à quelques hommes d’église qui ont sillonné le continent il y a près d’un siècle. Arrivés tôt, ils furent parmi les premiers à s’aventurer dans les profondeurs pour incarner comme le souligne Marvin Markowitz, «les bras séculier et spirituel de la domination coloniale en Afrique».
Même si elles sont avant tout connues pour leur gratuité, les projections de films dans les églises n’ont pas fait que rythmer les « moments sérieux et les moments de rigolade, les temps de travail et les temps de loisir » . Elles étaient aussi un moyen de création d’opportunités pour les missionnaires qui pouvaient rendre compte de leurs « activités auprès de leurs organismes commanditaires, collecter des fonds pour l’avancement de leurs œuvres ».
En partageant ces éléments issus d’un prochain ouvrage , cette communication souhaite isoler au sein des images coloniales, les « films d’évangélisation » qui se distinguent par la place qu’ils accordent à l’indigène à titre d’évangélisé ou d’évangélisable. Pour interroger cette place, j’analyserai les processus de réhabilitation des cultures africaines par les prières, les liturgies en langues locales, mais aussi les musiques et les danses. J’explorerai aussi les publics que visent les films d'évangélisation, notamment les indigènes que l’on tentait de convaincre du bien fondé des religions et modèles sociaux importés des pays européens et les évolués que l’on préparait absolument à jouer un rôle dans le projet politique et ecclésiastique.