Paper short abstract:

Dans sa lutte pour la reconnaissance des populations rurales pauvres, le Mouvement social des Sans Terre du Brésil (MST) a recours à des revendications mémorielles qu’il actualise à travers des représentations artistiques afin de créer un sentiment d’appartenance entre ses différents membres.

Paper long abstract:

Engagé à ses débuts pour la réalisation de la Réforme Agraire, le Mouvement social des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST) a progressivement élargi ses objectifs politiques pour revendiquer aujourd'hui une reconnaissance sociale en faveur des populations rurales. Pour donner plus d'ampleur à sa lutte et obtenir cette reconnaissance, le MST revendique l'héritage d'un grand nombre de leaders de luttes ayant marqué l'histoire brésilienne : leader d'esclaves marrons, chef indien, chef de bandits d'honneurs…font ainsi partie des références de l'histoire du MST. Véritable « histoire des autres », celle-ci regroupe des luttes correspondant à des mouvements de résistances face aux colons portugais, puis aux élites brésiliennes. Afin de concrétiser cette histoire et la rappeler à ses membres, le MST donne fréquemment les noms de ces leaders aux noms des communautés de la Réforme Agraire pour en faire une référence pour les habitants de ces communautés. Actualisée dans des slogans ou mise en scène dans des pratiques artistiques cette histoire s'articule avec des références de personnes mortes dans la lutte et directement liées avec les populations rurales. Cette histoire « en train de se faire » autour d'un but commun permet de créer un sentiment d'appartenance entre les différents membres du MST - paysans ou non - et d'impliquer une population subalterne dans une lutte à dimension historique.