Accepted Paper
Contribution short abstract
Dans quelle mesure une sociologie décoloniale de l'environnement rend-elle indispensable un exercice de positionnalité, comme étape première pour fonder des savoirs justes, pluriversels et une théorie restauratrice d'écologie politique?
Contribution long abstract
Ancrée dans le contexte postcolonial de La Réunion, ma contribution mobilise la perspective des colonisé·es pour analyser la persistance de la colonialité du pouvoir et des savoirs. En tant que sociologue autochtone, je décris dans mon manuscrit d’HDR (Thiann-Bo Morel, 2025) comment la recherche universitaire française reproduit les injustices épistémiques (Fricker, 2007) en valorisant certaines approches scientifiques et en "cafardisant" (Ouassak, 2023) d'autres modes de connaissance. Il s'agit d'une réponse directe à l'appel de Linda Tuhiwai Smith à déconstruire le lien inextricable entre recherche et colonialisme (Smith, 2021), selon une « épistémologie du point de vue » qui vise à une décolonisation épistémique radicale (Grosfoguel, 2010), s'opposant à l'extractivisme scientifique et à la reproduction de clichés racistes et classistes dans l'analyse des luttes environnementales.
Raconter nos propres histoires implique de « désobéir aux paradigmes » (Mignolo, 2011). Pour relever ces défis, je propose de mettre en perspective un exercice de positionnalité (Thiann-Bo Morel, 2025) avec une analyse située d'une infrapolitique des groupes subalternes (Scott, 2006). A travers l’examen de la façon dont l’autochtonie est mobilisée comme catégorie politique et raciale (Pulido, 2018) dans les luttes environnementales, je prends au sérieux les émotions - comme carburant d'intelligibilité - pour évoquer la complexité des rapports de race, de genre et de classe qui façonnent la recherche et l'activisme. En faisant de la positionnalité un outil politique j'aimerais inviter redonner à la théorie son pouvoir de guérison (hooks, 2014) pour mettre en œuvre une justice restauratrice des savoirs et des territoires.
Who and from where? Critical reflections on positionality and decoloniality in doing Political Ecology