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Accepted Paper:
Paper short abstract:
A partir de données issues d’une recherche ethnographique, cette contribution investigue la manière dont la langue, conçue comme clé à l’« intégration » des requérants d’asile dans la société d’accueil, matérialise et renforce durablement les inégalités sociales à tous les niveaux de la procédure.
Paper long abstract:
Sur la base d'une recherche ethnographique menée entre 2015 et 2017 sur le terrain de la procédure d'asile en Suisse, j'analyserai la manière dont «la langue» et «l'intégration» - terme aussi tabou dans la recherche scientifique que présent dans les discours individuels et publics - sont systématiquement couplés sans jamais être explicités, ni dans leur nature, ni dans les liens qu'ils entretiennent entre eux. Considérée implicitement comme clé de l'intégration, la langue apparaît au contraire comme la matérialisation des barrières qui la freinent. Du latin 'integrare', c'est-à-dire «réparer, renouveler, refaire», l'intégration de la personne dans et par la société devrait lui permettre de reconstruire sa vie dans de nouveaux paradigmes, que l'étymologie souhaiterait positifs. Qu'il s'agisse des niveaux de langue exigés pour entrer sur le marché de l'emploi ou de la formation, de la maîtrise linguistique brandie comme étendard de discours politiques à visées électoralistes, des tests de lange destinés à déterminer la véracité d'une origine, ou plus simplement des cours de langue prodigués par différentes instances, la barrière linguistique apparaît toutefois surtout comme un argument commode pour réguler l'espace social en termes d'immigration et de maintien de l'ordre établi. Cette dynamique que je présenterai schématiquement à trois échelons - fédéral, cantonal et associatif - de la procédure contribue à figer les requérants d'asile dans une identité de réfugiés redevables envers la société d'accueil, en marge de laquelle ils se constituent progressivement en une minorité insidieusement réduite à un silence linguistique et social.
Speakers on the move: displacement, surveillance and engagement [IUAES Commission of Linguistic Anthropology]
Session 1