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Avant la colonisation, l'Afrique était une véritable mosaïque de nationalités, d'ethnies et de langues. Aujourd'hui, après des siècles de guerres, de colonisation et de luttes d'indépendance, le continent africain est divisé en quatre grandes zones linguistiques : francophone, anglophone, arabophone et lusophone.

Nous nous proposons d'examiner ici les spécificités démographiques de ces différentes régions linguistiques, l'objectif étant de tenter d'établir un lien entre la langue pratiquée, et notamment en milieu scolaire, et les comportements démographiques. Par comportement démographique, nous entendons essentiellement la nuptialité, la fécondité, la mortalité et la migration. Nous tenterons également de vérifier si les populations parlant la même langue affichent également les mêmes indicateurs démographiques (âge au mariage, polygamie, prévalence du sida, espérance de vie, Indice synthétique de fécondité,…).

Je tenterai de trouver quelques éléments de réponse aux questions suivantes : le fait de parler une même langue, d'avoir subi une même influence coloniale par exemple, suffit-il pour déterminer un même comportement démographique ? Peut-on parler, sur le plan démographique, d'une Afrique anglophone ? Quelle est la portée de la boutade « La langue portugaise est plus parlée en Afrique lusophone qu'au Portugal (on sait qu'il y a 11 millions de portugais, alors que les mozambicains - tous lusophones - à eux seuls sont plus de 20 millions) » ? Pourquoi l'espérance dans l'Afrique arabe est-elle relativement proche des standards européens, alors que le ouest-africain francophone ne peut guère espérer dépasser l'âge de 50 ans ? Quelles sont, dans ces conditions, les perspectives d'intégration africaine et mondiale ? Peut-on compter sur une Afrique plus homogène démographiquement, dans le contexte de mondialisation que l'on connaît ?

Ma réflexion se fera en trois étapes. Je commencerai par présenter les traits saillants de la démographie dans les quatre grandes régions linguistiques africaines, en montrant l'existence de ressemblances, mais également de profondes divergences. Je discuterai ensuite les causes de cet état de fait, en me référant très largement à la culture et la langue pratiquée dans les différentes régions. Enfin, la dernière partie de l'article traitera de la politique démographique des gouvernements respectifs, mais surtout de l'influence de l'ancien pays colonisateur, qui continue à diffuser des pratiques démographiques en même temps qu'une langue, et notamment à travers la politique d'éducation scolaire.