Paper short abstract:

Ce papier analyse la manière dont les expulsions inopinées dans les quartiers populaires affectent les conditions de vie des victimes, surtout en l'absence de tout programme d'accompagnement.

Paper long abstract:

Les principales villes béninoises sont soumises, depuis 2016, à un renouveau des pratiques d'évictions qui, aux yeux des gouvernants, apparaissent comme une condition nécessaire à la requalification des centres urbains du pays en villes modernes, attractives et économiquement compétitives. Plus que partout ailleurs, des territoires stratégiques de Cotonou, la principale vitrine économique du pays, visés par d'ambitieux projets de rénovation urbaine, sont la cible de décisions d'évictions exécutées tambour battant et à grand renfort médiatique contre leurs occupants. Or, ces territoires qui sont aujourd'hui disputés entre la puissance publique et les gouvernés, constituent pour l'essentiel et parfois depuis de longue date, le cadre de vie de ressortissants des milieux populaires. Mais, alors qu'ils passent dans la doxa politique internationale pour des gens vulnérables, les gouvernants se montrent paradoxalement méprisants à leur égard en matière d'assistance à la réinstallation.

Le présent papier est une contribution aux réflexions sur la gouvernance et la « modernisation » des villes africaines. Comme tel, il se propose d'analyser, sur la base de matériaux empiriques recueillis à propos d'expériences ultérieures des victimes de la démolition récente d'un quartier côtier de Cotonou (Fiyégnon I), la façon dont les évictions inopinées dans les milieux populaires affectent les conditions d'existence des victimes, surtout en absence de tout programme d'accompagnement.

Mots-clés : Ville ; Eviction ; Conditions d'existence ; Milieux populaires ; Cotonou.