Paper short abstract:

L'analyse de lettres écrites par des familles pour interner un proche à l'hôpital psychiatrique de Fann permet d'explorer le thème de la folie au-delà du strict vocabulaire médical et d'interroger comment la compréhension locale de la folie rejoint ou se distancie des catégories psychiatriques.

Paper long abstract:

Cette proposition explore un recueil de lettres écrites par des familles dans les années 1960 au Gouverneur de Dakar, lui demandant son aide pour interner un proche à l'hôpital psychiatrique de Fann. Tout d'abord, je me concentrerai sur la façon dont les familles décrivent, nomment et parfois proposent un diagnostic sur les troubles mentaux que vit leur proche. En explorant les multiples représentations, compréhensions et significations des troubles mentaux, l'analyse fine des lettres montre que la folie est avant tout une catégorie labile et plastique. Plus largement, l'examen des demandes écrites d'individus permet d'explorer le thème de la folie au-delà du vocabulaire médical strict et d'interroger comment les représentations locale de la folie rejoignent ou se distancient des catégories psychiatriques.

Deuxièmement, les lettres sont écrites lorsque les personnes atteintes de maladie mentale commencent à représenter une menace pour elles-mêmes ou pour leur famille et leurs voisins. La majorité des lettres sont un appel à l'aide, les membres de la famille arguant qu'ils ne sont plus en mesure de prendre soin de leur proche, craignant pour leur propre sécurité. Ces lettres montrent que dans la grande majorité des cas, le cercle familial est le premier lieu de prise en charge des malades mentaux non agressifs. Enfin, cette présentation sera l'occasion d'aborder une question méthodologique sur l'histoire de la folie en Afrique. Il s'agit d'un appel à construire une histoire multi-située des troubles mentaux qui explore les lieux et les sources au-delà de la clinique psychiatrique.