Paper short abstract:

Cette contributionexamine l'ampleur du phénomène d'accumulation foncière effrénée au Mali. En analysant les stratégies de patrimonialisation des parcelles anciennes ou moins anciennes, les données montrent qu'elle touche aussi bien des citadins riches que des personnes aux revenus très modestes.

Paper long abstract:

Cette contribution s'appuie sur une enquête conduite en milieu urbain et péri-urbain au Mali autour de l'appropriation du foncier. L'enquête a montré que la propriété foncière permettait d'affirmer le rôle de chef de famille voire de le revendiquer. Posséder une (ou mieux des) parcelle d'habitation, affirme ou améliore la situation statutaire de tout acteur social et lui confère du prestige et de l'honneur. La propriété foncière conforte la position sociale d'une personne respectable et stabilise durablement son statut social. Cependant, au-delà du prestige d'être « propriétaire foncier », l'enquête a aussi montré que le foncier était le principal domaine d'accumulation capitaliste légalement profitable.

L'ampleur du phénomène logique d'accumulation foncière effrénée qui touchait aussi des personnes aux revenus très modestes ne pouvait pas être expliqué par la seule logique de construction statutaire. C'est en analysant les stratégies de patrimonialisation des parcelles anciennes ou moins anciennes, acquises sur le marché ou par dotation administrative que nous avons été mis sur la bonne piste interprétative. Et ce sont quelques-unes de ces stratégies que je vais décrire dans ce papier. Leur intérêt dans le cadre de cat ouvrage est de montrer l'enchevêtrement inextricable de logiques sociales apparemment inconciliables. En effet, si les symboles et les habitudes culturelles constituent un cadre de référence comportemental largement partagé, si les normes de transfert des droits fonciers ont une histoire politique bien connue localement, les acteurs des transactions foncières exercent pleinement leur capacité à modifier de manière calculée ou opportuniste les règles du jeu social.