Paper short abstract:

Dans un contexte marqué par l'autonomie financière de ses différents acteurs sociaux (jeunes, femmes etc.), laquelle est engendrée par la culture du cannabis, les rapports sociaux dans la société traditionnelle karone, en Casamance ont subi des transformations substantielles.

Paper long abstract:

Les rapports qu'une frange importante de la société a dorénavant avec l'argent issu de la culture et du commerce illicite de drogue ont dépouillé la plupart des valeurs qui cimentent la cohésion sociale dans la société karone. Ainsi, de la parenté au respect des personnes âgées, en passant par plusieurs autres valeurs non moins importantes pour la cohésion sociale et/ou communautaire, toutes ces valeurs sont aujourd'hui en train de subir les effets de la logique financière. Ici il faut dire que le sens est en train de s'évanouir ou de disparaitre dans la « spirale de l'argent » pour reprendre une expression de Christine Marsan (2008). De sorte que le lien social en a également subi une érosion significative. La communauté politique que constitue le village ainsi que la famille, ne jouent plus leur rôle traditionnel d'intégration au premier chef, tandis que d'autres cadres intégrateurs comme les groupes d'âges sont en voie de disparition. D'où les phénomènes de désaffiliation / réaffiliation qui ont donné naissance à de nouveaux réseaux de sociabilité dont les plus atypiques sont ceux qui ont pour lieux d'élection les maquis. C'est cette catégorie des exclus qui a rendu plus visible le problème de la jeunesse née avec l'économie du chanvre.

C'est dire donc que cette économie déviante a tellement provoqué des changements profonds au sein de la société karone qu'on ne peut aujourd'hui s'empêcher de s'interroger sur son devenir. Cela dit, cette interrogation passe de notre point de vue par une critique du capitalisme spontané qui aboutira à une conception renouvelée du changement social.