Paper short abstract:

Le Mali et la Guinée sont séparés par une frontière héritée d'une limite administrative entre deux colonies de l'AOF. L'objectif de cette communication est de mettre en évidence les spécificités d'une limite intra-impériale, de retracer l'histoire de sa construction afin de saisir son historicité.

Paper long abstract:

Les États du Mali et de Guinée ont une frontière commune héritée de la limite administrative entre deux colonies de l'AOF. Jamais démarquée ni véritablement matérialisée, elle est issue d'un découpage territorial qui avait comme objectif de constituer des entités spatiales gérables et non de futurs États. L'objectif de cette communication est d'évaluer les spécificités de la construction de cette limite intra-impériale. Au-delà du caractère lacunaire des délimitations officielles, l'étude la construction du tracé révèle de multiples processus de rupture, analogues à ceux d'une frontière inter-impériale. Elle se superpose ou plutôt se surimpose à un cadre géopolitique régional plus ancien, constitué à la fois de lignes de séparations, de discontinuités religieuses ou politiques et de zones de complémentarités. Elle s'inscrit dans un espace fortement maillé sur le plan politique où trois constructions politiques majeures confinent dans la région étudiée, au moment où s'amorce la pénétration française vers le fleuve Niger, le Fouta Djalon, les États construits par El Hadj Omar Tall et par Samori Touré. Différentes limites précoloniales ont été inventoriées et mobilisées par les missions de reconnaissance françaises menées dans les années 1880 et ont en partie servi de soubassement aux différents segments de la frontière guinéo-malienne qui repose ainsi sur des traces de limites anciennes mais relève aussi d'une grande part d'aléatoire, loin de la représentation d'une toute puissance coloniale imposant un découpage territorial arbitraire. La genèse de cette limite est influencée par des facteurs endogènes, par des stratégies politiques locales mais reste surtout empreinte de pragmatisme.