Paper short abstract:

In Dakar's monetarized and pervasive sociality, agency is based on the conversion of liquidity in relations. But only life-cycle rituals, where women honor kinship relations through prestations, manage successfully to synchronize financial relations.

Paper long abstract:

À Dakar, où la vie sociale se caractérise par la monétarisation généralisée des relations, tout détenteur de liquidités est soumis à des demandes permanentes de son entourage, en particulier de ses parents. La stratégie adoptée pour conserver de l'argent consiste à le mettre en circulation : la liquidité est convertie en relations financières, notamment au sein de tontines. Lorsque l'argent circule, il est inaccessible pour un temps. Dans cette socialité marquée par la monétarisation et le caractère envahissant des relations, la préférence pour l'illiquidité n'est pas une simple stratégie d'épargne, mais une condition pour agir.

Cette capacité d'agir repose en outre sur la capacité à synchroniser ses relations sociales (et donc financières), aux temporalités hétérogènes, pour obtenir son argent le moment voulu. Le commerce fonctionne selon une logique de cloisonnement des relations marchandes du reste des relations sociales et pâtit de la difficulté à synchroniser les relations financières. De même, il est souvent difficile d'obtenir de l'argent pour la santé. En revanche, les cérémonies d'échanges entre femmes à l'occasion des mariages et des naissances mobilisent l'ensemble des circuits financiers et permettent de rassembler des sommes impossibles à obtenir autrement. Le système financier est ainsi hiérarchisé du point de vue de la capacité des agents à mobiliser et synchroniser les relations financières.

Les relations sociales n'apparaissent donc pas comme un capital réticulaire mobilisé dans le cadre de stratégies financières d'assurance face à l'incertitude. A l'inverse, les réseaux financiers sont mobilisés pour honorer les relations de parenté.