Paper short abstract:

Ruscova est le premier d’une série de trois villages ukrainiens, dans le Maramures, Nord de la Roumanie, à la frontière avec l’Ukraine. Si avant 1990, ces Ukrainiens constituaient une minorité obscure et très peu connue, on remarque, surtout après les années 2000, un changement de représentation.

Paper long abstract:

Les raisons du nomadisme actuel qui touchent plusieurs zones à la périphérie de l'Europe s'inscrivent, pour ce cas particulier, dans une longue habitude historique. D'abord l'appartenance à l'Empire Austro-Hongrois et ensuite à trois divers états nationaux joue beaucoup sur la mobilité dans la région. Une deuxième raison, qui en dérive, est l'habitude de passer la frontière et de se déplacer dans les pays voisins, avec toutes les activités informelles dérivées, comme par exemple le commerce illicite d'or sur la rivière qui sert de frontière avec l'Ukraine. Une troisième raison, pratique, en est la condition des terres qui n'ont jamais permis de vivre de l'agriculture, ce qui a conduit aux migrations saisonnières internes. Voici un contexte qui forme les « pionniers » de la migration « à l'Ouest » après les années '90. La mobilité reste un fait structurel de cette région frontalière.

La représentation de l'utilité de la langue maternelle a évolué avec les nouvelles migrations vers des contrées plus éloignées, par le biais de la reconstruction des espaces et des repères (Appadurai, 2005[1996]) ; grâce à la langue, ces Ukrainiens s'associent par exemple avec des équipes de Polonais, ce qui les rend mieux armés pour l' « aventure » de la migration dans le contexte européen actuel.

L' « enfermement » de presque 50 ans, discursif aussi que physique, dans l'Etat National Roumain, se voit ré-catapulté vers des pratiques multiculturelles et économiques de la « nouvelle » Europe, plus proches aux temps de l'Empire Austro-Hongrois. Plus ça change…