Paper short abstract:

Les bouleversements de la maternité, les dilemmes contraignants et les sentiments contradictoires occasionnés par la médicalisation extrême de la reproduction (plus spécialement dans le cas du don d’ovocytes).

Paper long abstract:

L'infertilité ne constituant plus un problème social mais se définissant plutôt comme une condition biologique susceptible à des solutions médicales, les couples infertiles se voient obligés d'envisager les biotechnologies en tant que «fait accompli». Dans le cadre de cette «hégémonie biomédicale», les agents sociaux ne peuvent que se soumettre à l'autorité du savoir médical afin de réussir la procréation tellement désirée et assurer leur conformité aux prescriptions de la normalité sociale.

Néanmoins, les nouvelles technologies de reproduction s'avèrent bien plus qu'un instrument neutre et objectif au service de cette vocation; elles font instituer à la fois des relations inégales entre le corps « souffrant » et les agents médicaux censés à le «guérir», remuer des dilemmes et des craintes, soulever des ruptures, des fissures et des bouleversements.

Les données ethnographiques concernant des femmes qui vivent à Athènes et recourent au don d'ovocytes vont décrypter les sentiments contradictoires - angoisse, incertitude et dépendance, mais aussi confiance et espoir - éprouvés par ces femmes à l'égard du pouvoir biomédical, qui, malgré tout, finit par hyper-médicaliser leur réalité personnelle/familiale. Mon enquête va démontrer comment ces femmes confrontent des dilemmes contraignants: soit rester stigmatisées comme stériles, soit mettre au monde «l'enfant de leur mari» ; quel sens donnent-elles aux déplacements importants dans les représentations de la maternité ; révéler, en dernière instance, si elles restent passives devant l'autorité médicale ou, par contre, si elles arrivent, par stratégies diverses, à contourner les biotechnologies et reprendre la maîtrise de leur corps et de leur vie.