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Comment se font, dans la société indienne, la gestion sociale et la gestion individuelle de ruptures d'avec le genre assigné à la naissance ? C'est à cette question que je m'intéresserai à travers une étude consacrée à la catégorie socio-religieuse des Hijra.

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Il existe en Inde trois genres : le genre masculin, le genre féminin et le genre « Hijra ». Les personnes que ce dernier caractérise sont nées avec un sexe masculin ou une malformation sexuelle correspondant à un micropénis ou à un hermaphrodisme, s'habillent et se parent comme des femmes, et parfois sont émasculées. Elles forment une catégorie socio-religieuse panindienne et s'organisent en communautés très structurées au moins dans toutes les grandes villes. Celles qui constituent la communauté de Delhi, - groupe auprès duquel j'ai mené une enquête ethnographique -, ne se sont pas identifiées d'elles-mêmes au genre « Hijra », mais l'ont été par autrui pendant l'enfance ou l'adolescence alors même que le genre masculin leur avait été assigné à la naissance. Cette catégorisation fondée sur une inadéquation entre un sexe masculin et une habitude féminine ou sur la découverte d'une malformation sexuelle, a engagé un processus qui a abouti à la rupture d'avec l'entourage et à l'intégration dans une communauté de Hijra. Mon intervention portera sur ce processus. J'examinerai tour à tour le moment de la catégorisation, les bouleversements des rapports aux autres et à soi-même que cet évènement a suscités, et les nouveaux régimes relationnels dans lesquels les personnes touchées se sont retrouvées prises vis-à-vis des non-Hijra. J'interrogerai ainsi les modes sur lesquels se font, dans la société indienne, la gestion sociale et la gestion individuelle de certaines ruptures d'avec le genre assigné à la naissance.