Paper short abstract:

Au Québec, les moyens requis pour mettre en place la collaboration entre chercheurs et Autochtones, via les principes de propriété, contrôle, accès, possession, ne sont pas accessibles aux étudiants. Leurs possibilités éthiques, informelles et formelles, s'élaborent surtout dans l'intersubjectivité.

Paper long abstract:

Les conditions de production de connaissances scientifiques sont nombreuses. La collaboration en est une majeure aujourd'hui au Canada exprimée dans le cadre de la décolonisation de la recherche académique. Réclamée par les organismes autochtones et non-autochtones, la collaboration requiert, au Québec, l'application des principes de propriété, contrôle, accès, possession (PCAP). Garde-fous pour les populations autochtones étudiées et sources d'inspiration pour les chercheurs, ces principes requièrent des moyens non accessibles à tous les chercheurs. Les étudiants sont les premiers concernés alors qu'ils constituent le groupe de chercheurs majoritaire. La collaboration ne peut être donc garantie. Quelles sont alors les conditions et les moyens éthiques disponibles aux étudiants pour la mettre en œuvre ? Quels en sont les enjeux éthiques ?

À partir de mon ethnographie de doctorat avec les Eenouch de Waswanipi, je propose que des possibilités informelles et formelles pour une collaboration étudiante avec une Première nation sont envisageables. Elles s'élaborent à partir d'une éthique intersubjective, c'est-à-dire des rapports et des engagements désinstrumentalisés respectueux des besoins et des intérêts du chercheur comme de ses interlocuteurs locaux. L'inconnu et l'inconfort des rapports interpersonnels en sont donc des aspects fondamentaux, d'autant plus qu'ils ne sont pas incompatibles avec la création d'accords formels, telle une entente de partage de données.

J'argumente que l'éthique intersubjective est favorisée par des spécificités estudiantines (l'ethnographie de longue durée, le manque de moyens pour assurer un partenariat pré-terrain) et des réalités locales à Waswanipi (mode relationnel inclusif, absence de protocole, occasions formelles).