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La recherche scientifique à destination des pays du Sud fut longtemps l'apanage des chercheurs et institutions du Nord. Les crises sécuritaires qui agitent certains pays du Sahel, le Mali en particulier, ont un impact indéniable sur les productions scientifiques.
Trois situations semblent prioritairement se dessiner dans ce contexte de troubles sécuritaires : (1) par crainte pour leur sécurité, et à juste titre, les chercheurs du Nord ont simplement déserté les zones conflictuelles ; (2) Ils continuent la recherche, en ayant pour terrain les zones conflictuelles, mais les données de terrain proviennent de "seconde main" souvent très peu qualifiée ; (3) Ils continuent la recherche, et produisent d'ailleurs quantité de résultats, mais sans avoir eu recours au terrain.
Plusieurs interrogations émergent alors : Doit-on abandonner la recherche dans les zones d'insécurité du Sahel, alors même que les facteurs qui y sont à la base méritent fortement qu'on y mène des réflexions ?
Quelle valeur devons-nous accorder à des résultats de recherche en sciences sociales, obtenus sans terrain ? Et surtout, pouvons-nous penser les sciences sociales en dehors de leur dimension empirique ?
Si les risques sécuritaires encourus par les chercheurs du Nord, dans les zones dites "sensibles", sont bien réels, tel n'est pas forcément le cas des chercheurs locaux. Notons que les terrains dits "sensibles" ne présentent pas les mêmes risques selon qu'on soit un chercheur international, national ou même local.
Selon quelles modalités, et par quels moyens, les chercheurs internationaux et leurs collègues locaux peuvent-ils contribuer à perpétuer la recherche dans les zones dites "sensibles" ?